Istres, pilier des forces aériennes stratégiques depuis 60 ans

BA 125

Tout a commencé en 1917 sur cet aérodrome de la Crau où les pionniers de l’aviation militaire française venaient perfectionner leur maîtrise du ciel afin de rivaliser avec leurs rivaux allemands. Cent-sept ans plus tard, Istres est plus que jamais un pilier de la Défense nationale. C’est ce qu’a illustré la cérémonie qui s’est tenue hier, lundi 15 janvier 2024, sur le tarmac de la Base aérienne 125 Charles-Monier.

Elle a été présidée par le général de brigade aérienne Jean-Patrice Le Saint, chef d’état-major des FAS, assisté du colonel Anne-Laure Michel, commandant de la BA125. Le maire d’Istres François Bernardini y a assisté, ainsi qu’Emmanuel Taché de la Pagerie, député de la 16e circonscription des Bouches-du-Rhône.

On commémorait le 60e anniversaire de la signature, par le général De Gaulle, le 14 janvier 1964, du décret qui portait création du commandement des forces aériennes stratégiques (FAS) et attribuant au Président de la République le pouvoir d’engager les forces nucléaires si l’un des piliers vitaux de la France était menacé. C’est dès la IVe République que la décision de lancer un programme nucléaire militaire avait été prise. C’est le général De Gaulle, très attaché à la souveraineté de la France, qui va accélérer le processus de dissuasion en parallèle de l’appartenance à l’OTAN.

Le général Le Saint a souligné : « En cette période où vacille la flamme de la croyance en un monde meilleur, à un moment où la nuit essaie de revenir, il faut, comme le rappelait Victor Hugo, allumer les grandes dates comme on allume des flambeaux. La première est la création de notre Armée de l’air, le 2 juillet 1934. La seconde date fondamentale de notre histoire est le 14 janvier 1964. Il s’agissait de traduire la volonté de la France de demeurer indépendante sur l’échiquier mondial et de pouvoir dissuader tout agresseur éventuel de s’en prendre à ses intérêts ».

Depuis soixante ans, a-t-il ajouté, « trois générations d’armes, de bombardiers et de ravitailleurs se sont succédé. La génération actuelle, mise en œuvre avec le missile air-sol moyenne portée amélioré ASMP-A, le Rafale et le MRTT, permet une allonge et une capacité de pénétration encore accrues ainsi qu’une meilleure précision. Mais rien ne dure qui ne se renouvelle constamment. Cette continuelle adaptation est le prix de la liberté ».

« Dans le monde d’aujourd’hui, où le rapport de force entre les grandes puissances se réaffirme, la composante de dissuasion nucléaire française est l’une des plus crédibles et respectées ». Même si personne ne le souhaite, activer ce « bel outil opérationnel » est résumé dans la symbolique de l’insigne des FAS, que décrit ainsi le général Le Saint : « Sur un fond rouge qui est la couleur du bombardement, c’est le glaive à moitié dégainé dont on voit la lame, c’est le gant de fer qui le tient mais c’est la colombe de la paix qui retient la lame. Et c’est l’un des seuls insignes de l’armée de l’Air dont la forme n’est pas un écu, mais un hexagone. Notre raison d’être, c’est la défense des intérêts vitaux de la nation ».

Istres reste au cœur de ce dispositif qui a été réajusté depuis les années 60 : « En vertu du principe de stricte suffisance et de juste nécessaire, c’est aujourd’hui l’une des trois bases, avec Avord et Saint-Dizier, dites à vocation nucléaire. Ici, nous avons regroupé tous nos avions gros porteurs, ravitailleurs et transports stratégiques. Nous avons encore trois Boeing KC-135 qui seront progressivement retirés d’ici 2025, le temps de convertir les trois derniers Airbus A330-200 en MRTT. Nous aurons alors une flotte de quinze appareils au standard MRTT. Dans la décennie, ils passeront au standard 2 qui amènera une modernisation, en particulier dans le domaine de la connectivité ». Le général Le Saint ajoute : « Cette année s’annonce capitale pour la base aérienne d’Istres avec des capacités qui seront à peu près uniques en Europe. Pour les habitants d’ici, ce doit être un élément de fierté ».

Avant la lecture de l’ordre du jour, des aviateurs ont été mis à l’honneur, recevant respectivement la médaille militaire au nom du Président de la République, la médaille de l’aéronautique au nom du gouvernement de la République française et la médaille d’or de la Défense nationale avec motif de bronze au nom du ministre des Armées. Le général Le Saint a également lu un message de félicitation du général de corps aérien Jérôme Bellanger, commandant des FAS, adressé aux personnels de la 31e Escadre aérienne de ravitaillement et de transport stratégique (EARTS), stationnée sur la BA125, qui « ont fait preuve de très belles qualités militaires et professionnelles » en 2023 lors de l’évacuation des ressortissants français et européens suite au coup d’État au Niger.