Hommage et recueillement face au drame des féminicides

Solidarité

Depuis le 1er janvier 2022, 102 femmes ont déjà été victimes de féminicides. Elles étaient 122 en 2021. « 102 femmes de trop qui ont été assassinées par leur conjoint ou ex-conjoint. Nous sommes là pour leur rendre hommage, bien sûr, mais aussi pour dire que nous ne devons pas nous résigner », a affirmé Latifa Bisbis, présidente de l’association « Stop ! Aux violences faites aux femmes et aux enfants », en ouverture du temps de recueillement déroulé vendredi soir sur le parvis de l’hôtel de ville.

Nicole Joulia, vice-présidente du Conseil départemental, a assuré : « Nous sommes là pour exprimer à la fois notre soutien, notre tristesse mais aussi notre colère face à ces violences insupportables qui perdurent en France, pays des Droits de l’Homme ». Et la première adjointe de préciser : « La ligne 3919 constate une hausse de 14 % des appels comparé à l’année 2019, qui était l’année avant Covid. Plus de 72 % concernent des violences sexuelles. Une femme sur cinq qui appelle dit être menacée de mort. Le machisme ordinaire tue tous les jours. Il tue la fierté, il tue la dignité. Pire encore, il peut tuer l’espoir. On peut regretter que seul 1 % des auteurs de viol soient condamnés ». Elle ajoutait : « Ici, nous avons la chance d’avoir un service qui est dédié aux familles monoparentales et on sait que beaucoup de problèmes liés aux familles monoparentales croisent la thématique des violences sexuelles. Femmes et hommes, cela nous concerne tous ».

Pierre Dharréville, député de la 13e circonscription, constatait : « Nous ne pouvons pas laisser banaliser ces violences qui débouchent sur des féminicides dont nous tenons le triste décompte. Ce ne sont pas des faits divers, c’est un fait social, politique, culturel, un fait anthropologique peut-être, que nous devons juguler et dont nous devons prendre la mesure ».

François Bernardini relevait : « On peut être rassuré de la prise de conscience mais on doit aussi regarder la limite. Le problème est inscrit dans la société. C’est la société qui est pétrie de violence à tous les niveaux. La prise en compte doit être beaucoup plus profonde ».

Le maire d’Istres déplorait : « Quelle lâcheté pour un homme de porter la main sur une femme. Une femme a droit à sa liberté. Et sa liberté, ça ne peut être que son choix. Et son choix doit être respecté ».

Nadia, Graziella et Magali lisaient alors les prénoms des victimes : Eleonore, 27 ans ; Muriel, 56 ans ; Lisa, 45 ans ; Elsa Marie, 29 ans ; Evelyne, 63 ans ; Amanda, 28 ans ; Jocelyne, 65 ans ; Angélique, 27 ans ; Raymonde, 82 ans ; Sandra, 40 ans ; Julie, 26 ans ; Nathalie, 33 ans ; Emma, 14 ans...

Entourée de bougies lumineuses jaunes, la pianiste Sydney Poma Amsellem interprétait « Débranche ! , de France Gall puis « Nuvole bianche », du compositeur italien Ludovico Einaudi.

Poignant, l’ultime message était délivré par Léa : « Je suis une victime. Il y a plein de victimes ici. Mais aujourd’hui on est debout et on se laisse pas démonter parce qu’on est des wonder women ! »