Kader Klouchi, l’athlète devenu artiste accompli

Exposition

La première vie de Kader Klouchi a été sportive, celle d’un athlète de haut niveau qui va s’accomplir dans le saut en longueur. Une discipline qui le voit représenter son pays natal, l’Algérie, aux Jeux Olympiques de Barcelone en 1992. Il a 23 ans. Puis c’est en France qu’il va briller, battant par deux fois le record national, d’abord à 8m28 en 1997 puis à 8m30 en 1998. Un record qui tiendra pendant 11 ans, jusqu’en 2009.

« J’ai toujours abordé le sport comme un art, comme un moyen d’expression, confie-t-il. Je suis un peu à part dans ce monde-là car j’ai utilisé la créativité au service de la performance. J’étais un artiste du sautoir, je me suis bien éclaté. Et là, j’essaye de retranscrire la même chose à plat ou en 3D ».

Car, en parallèle, Kader a toujours été un artiste dans l’âme : « Je dessine, je peins depuis ma tendre enfance, sourit-il. J’ai jamais lâché mais le système scolaire fait qu’on ne peut pas forcément tout mener, sport et études, en même temps. Arrivé à la Fac, ce n’était vraiment pas fait pour moi et j’ai pris une année sabbatique durant laquelle je me suis adonné à la peinture. Je suis un autodidacte, je n’ai pas eu de maîtres ».

Son premier support, ce fut la peinture glycéro, un mélange de pigments, résine et solvant organique. « J’ai expérimenté beaucoup de techniques, la peinture à l’huile, le pastel sec. Puis j’ai trouvé l’acrylique, le médium qui me correspond le plus car c’est une peinture qui sèche rapidement et je peins très vite, d’un seul jet. En deux, trois heures, il faut que ce soit réalisé. La sculpture, aussi, me plaît mais c’est très prenant pour moi, il me faut plusieurs mois et je n’ai pas assez de temps pour en faire ».

Il retrouve Istres à la faveur des « Olympiades culturelles ». Il y avait déjà exposé en 2010 lors de la première édition du Grand prix de peinture en lien avec l’Office municipal du sport. Il y avait même fait une performance. Quatorze ans après, le style s’est affiné. C’est ce qu’illustre la monographie intitulée « L’art de vaincre », à voir jusqu’au 20 octobre à la chapelle Saint-Sulpice.

Parmi les toiles exposées, « une réalisée en 2013 au Qatar, peinture et collages. J’y suis allé pour exposer et je me suis retrouvé sélectionneur national pour le saut en longueur ! ». Kader Klouchi présente aussi des œuvres plus récentes, des gravures sur métal, « du corten, un métal qui rouille naturellement, beaucoup utilisé dans le mobilier urbain, que j’ai creusé en découpe plasma ».

La thématique du sport y domine : « Il y a forcément des souvenirs sinon je suis inspiré par ce que je vois en direct ou par des photos ». Il a aussi peint des scènes de tauromachie, « un petit clin d’œil à Istres, j’adore toute la scénographie autour mais je ne suis pas un aficionado de la mise à mort » et s’aventure parfois dans le geste abstrait, spontané. L’une de ses caractéristiques est de peindre au couteau. Pour la sculpture sur bois, il utilise l’épinette, un outil qui sert pour l’élagage : « J’aime bien lutter avec la matière ».

• Entrée libre du lundi au dimanche (sauf mardis et jours fériés), de 9h à 12h et de 15h à 19h.

• Renseignements : 06 33 59 17 02.